Les nouveaux parents

Désormais, papa aussi prépare le dîner etsurveille le bain. Maman, elle, est souventprisepar le temps, entre un boulot à pleintemps, les courses à faire et les devoirs dusoir à superviser... Entre pères et mères,la répartition des rôles n'a jamais autantévolué qu'au cours des dernières décennies. Qui sont-ils devenus ?

Des pères qui maternent

1975 c'est l'année durant laquelle l'autorité parentale est devenue communeentre les deux parents. Avant, le père« commandait » Désormais, la mère aussipeut « signer ». C'est une révolution, dujamais vu ! Le père, qui jusque-là occupait seul le pouvoir de « l'extérieur», s'estvu rejoint dans ses compétences par lafemme. Elle, n'a pour sa part jamais toutà faitlâché le pouvoir de « l'intérieur ».Les nouveaux papas sont ceux qui tententtout de même de trouver leur place au seindu couple parental.

Marcel Rufo: « On naît mère, mais on ne naît pas père. On le devient... »

« Même si ces jeux sexués ne sont que le reflet d'une éducation obéissant encore à des stéréotypes un peu archaïques, ils illustrent une réalité incontournable la maternité semblerait presque naturelle, quand la paternité est toujours de l'ordre de la conquête et de la construction psychique. » —Chacun cherche un père, Éditions Anne Carrière, 2009

Des mères qui cumulent

65 % des femmes françaisesont une activitéprofessionnelle.Les nouvelles mères ne se sont jamaisautant senties coupables. Coupables detravailler, coupables de ne pasparvenirà tout concilier parfaitement, coupablesdes choix qu'elles font... Mais si elles sesentent loin de la perfection, cela ne lespousse pas pour autant à déléguer plusfacilement le pouvoir de « l'intérieur » auconjoint. Les nouvelles mères acceptentd'être mère à la condition de ne pas renoncer à leur vie sociale. Elles veulent restertantôt lafemme de leur homme, tantôtla joyeuse copine qui s'autorise des sorties shopping avec ses amies de toujours...Mais tout assumer ne se fait pas sans frais.La nouvelle mère, en plus de ses activités,a cumulé la pression.Elle peut parfois devenir autoritaire et vouloir tout contrôlerface à des hommes plus indolents et peut-être plus permissifs. Elle donne l'impression d'être une superwoman, mais en réalité elle n'a jamais été aussivulnérable...

Edwige Antier: «Le courage des femmes »

Edwige Antier (née en 1942) est pédiatre. Dans son ouvrage Le Courage des femmes(Robert Laffont, 2009),elle lance un appel à la responsabilitédes pères:« Dans le cabinet du pédiatre, cequ'on entend, c'est le courage desfemmes. Desfemmes que mêmenotre système occidental, si promptà donner des leçons au reste dumonde, maltraite. (...) Des femmes qui doivent tout concilier : travail,enfant, vieconjugale ; des mères véritables garde-fous de tous les dysfonctionnements de l'école et de la sociétéen général. Des femmes qui malgrétout savent rester celles qui réparent,consolent, assistent... véritables piliers de leur descendance ! Encorefaut-il qu'on les entende vraiment.La prévention de la violence chez lesjeunes adolescents passe par l'écoutedes femmes. »

Élisabeth Badinter : « Allégeons le poids des responsabilités maternelles »

Élisabeth Badinter (née en 1944) estphilosophe, spécialiste de la philosophie desLumières et auteur de Le conflit la femme et la mère(Flammarion, 2010). Si les Françaises ontselon elle, échappé au dilemme opposant l'une à l'autre, un risque pourrait bientôt mener certaines à renoncer à la maternité le « maternalisme». La philosophenomme ainsi lecourant naturaliste laissant entendreque la mère doit tout à son enfant: son lait, son énergie... et 100 % deson temps!« Plus on allège le poids des responsabilités maternelles, plus on respectele choix de la mère et de la femme,et plus celle-ci sera encline à tenterl'expérience [de la maternité], voire àla renouveler. Soutenir la maternitéà temps partiel, que d'aucuns considèrent pourtant comme insuffisanteet donc coupable, est aujourd'hui lavoieroyale de la reproduction. »

« Projet éducatif » késako ?

Moi... en mieux

Le projet éducatif des nouveaux parentsque leur enfant les dépasse. Ce dernierest désormais perçu comme un prolongement de soi-même. Il est un « moi... enmieux » ! Ce que l'on souhaite avant tout,c'est qu'il se réalise sur le plan personnelet qu'il soit heureux. Un projet qui, côtéparents, reste subordonné à une réussitematérielle, mais aussi au fait de trouverl'amour de sa vie. On ne cherche pas forcément à ce que son rejeton devienne unhéros... mais tout simplement une personne respectable.

L'enfer, c'est la dépendance

L'enfant idéal, c'est un homme ou unefemme qui ne dépendrait de personneet serait autonome... voire omnipotent.D'où l'engouement pour les cours particuliers. D'oùl'investissement dans l'apprentissage des langues. D'où la peur phobiquede l'échec scolaire ou de toute forme dedépendance...

Et vous, quel est votre « PE » ?

Voici les trois étapes essentielles à la définition de votre projet éducatif (PE):

  • Parler de votre propre éducation encouple.
  • Lorsque les parents parlent de l'éducation, souvent ils parlent de la leur! Soitpour la reproduire, soit pour faire lecontraire. Autant jouer carte sur tabledès le départ :« Voilà ce que j'ai reçu,voilà ce que je veux transmettre ».

  • Ne pas avoir peur de la différence !
  • Trop souvent, les différences éducatives sont l'argument justifiant une séparation ou desconflits conjugaux.Elles peuvent bien au contraire devenirune richesse pour l'enfant! Ce qu'il y ade commun entre les parents ce sontles lois familiales ; les divergences cesont les règles. Attention, car si votreenfant sait parfaitement s'adapter, ilpeut aussi en jouer. À vous de ne pasvous laisser manipuler!

  • Un peu de souplesse
  • Rares sont les principes absolus enmatière d'éducation. Avis aux parentsde petites ougrandes tribus sachezadapter vos règles à l'âge de l'enfant,mais aussi à sa personnalité. Tousn'ont pas les mêmes besoins sur le planéducatif. Parfois, il faut aussi savoirlâcher prise sur un aspect. Souplesse,donc !

    L'éducation au cœur des conflits

    La plupart des conflits de couplesnaîtraient de malentendus au sujetde l'éducation desenfants. Comment comprendre ces divergences ?En réalisant que l'on est chacunissude deux écoles éducatives différentes, chacune ayant ses principes.Certains sont issus d'un compromis,d'autres d'un conflit, et finalement...les choses peuvent se répéter.Le paradoxe est qu'il arrive que l'onchoisisse de fonder une famille avecune personne issue d'un milieu quin'a rien à voir avec le nôtre, précisément parce que l'on a voulu échapper à notre modèle éducatif. Et àl'heure de devenir parent, on chercheà légitimer notre propre projet,alors même que nous avions choisiquelqu'un qui le complète...